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De tout et de rien
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11 janvier 2005

L'ironie

J'ai reçu par courriel aujourd'hui un excellent texte de Mohammed Lofti qui présente son opinion sur le tsunami en Asie et l'entraide internationale. Il me fait plaisir de vous le présenter, car il fait vraiment réfléchir.


L'ironie veut que l'homme soit plus touché par les catastrophes naturelles que par celles qu'il provoque lui-même. Le Tsunami du 26 décembre 2004 aura mobilisé presque l'humanité entière pour secourir les survivants et entamer très vite la reconstruction des régions sinistrées. Souhaitons que des projets sociaux et économiques, longtemps mis en attente dans ces pays, se réaliseront dans la vague de cette aide sans précédent. Souhaitons qu'à travers ce grand mal, le prix de consolation sera le début de la fin de la prostitution des enfants de certaines régions et leur esclavage. Souhaitons surtout qu'une telle générosité n'affectera pas les levées de fonds pour les catastrophes humanitaires présentes et à venir ailleurs dans le monde..!

Après les émotions, voici un peu de réflexion et d'espoir. Sans la télé et son impact, une telle mobilisation humanitaire aurait-elle eu lieu..? Durant des jours, j'ai partagé avec le monde entier l'impression que la télé n'a jamais été aussi efficace pour rendre service à l'humanité. Mais, je crains malheureusement que la télé ne soit demeurée une machine à fabriquer l'aliénation au coeur même de ce tragique évènement. Cela est évidement vérifiable: La pauvreté et la misère dans le monde, résultat des injustices de l'homme, ont fait bien plus que 200 000 morts depuis le 26 décembre dernier. À elle seule, la faim fait 25 000 morts par jour. Le sida fait 10 000 morts par jour. Le paludisme, 2 millions par année et 2 millions par année meurent au travail (le travail tue plus que la guerre). Excepté les 5 ou 6 guerres privilégiées des médias, il existe 50 guerres oubliées dans le monde. 810 Billions de dollars ont été dépensés pour les guerres en 2000. Près de 1 % de la population mondiale combat dans ces guerres. Les USA vendent 47 % des armes, la Russie 15 % et la France 10 %.

Si derrière les images de Tsunami se cachait un Dieu en colère, qui se cacherait derrière les images de la guerre en Irak ? Pourquoi la télé n'a pas le même impact sur nous quand les catastrophes sont le résultat de nos propres actions? En quoi les victimes civiles des guerres en Irak, en Tchétchénie ou en Afrique seraient-elles moins innocentes que celles des tsunamis ? Par cet élan de coeur envers les victimes innocentes de Tsunami, l'homme (occidental en particulier) reconnaît et exprime par la même occasion sa peur de l'inconnu, de l'inattendu. Sa vulnérabilité devant ce qu'il pourrait lui arriver n'importe où, n'importe quand.

La plupart des guerres sont plutôt attendues, planifiées. Certaines sont même provoquées et servies en spectacle de télévision quotidien. Une catastrophe qui n'est pas l'oeuvre de l'homme serait-elle perçue comme l'oeuvre de Dieu ? Cette fois, Dieu n'est pas américain ! Cela expliquerait peut-être pourquoi l'Amérique elle-même a mis son arsenal militaire au service d'une cause humanitaire ? (Quand les hommes vivront d'amour!). Mais, là encore, ne cédons pas trop vite à l'aliénation de la télé. Allons-nous pardonner à Bush et son administration sa guerre illégale en Irak, parce que tout d'un coup il nous révèle son ''humanité'' ? Les populations arabes et musulmanes vont-elles soudainement voir en Bush un ami des musulmans puisqu'il vient au secours du plus grand pays musulman de la terre ? Bien sûr que non, mais le Tsunami ne pouvait pas mieux tomber pour tous ceux qui ont quelque chose à se pardonner. Ils sont nombreux à parader au milieu des ruines et les morts pour afficher d'eux une autre image. Leur présence ne devrait pas pervertir la nature propre des images du Tsunami, celles dont le message est sans ambiguïté. La nature aura toujours le dernier mot.

À propos d'image, j'aurais cru que le très faible montant donné par le gouvernement québécois à la Croix rouge s'explique par une volonté de se soustraire à la récupération politique de la tragédie. Mais cela ne serait pas cohérent de la part d'un gouvernement qui a construit son image grâce à une campagne électorale de peur, faisant du Québec un hôpital et des québécois des malades. Dans quelques années, ou quelques mois, des témoignages de ministres du gouvernement Charest révèleront leur total désaccord avec une telle attitude. Les Ministres Michele Courchesne et Line Beauchamps ne devraient pas se sentir à l'aise. Le gouvernement québécois semble oublier que l'apparence de solidarité fait partie de la solidarité. Que la solidarité, même en apparence, ne devrait pas tenir compte des calculs politiques et des équations entre le nombre des ressortissants haïtiens (125 000) et celui des sud asiatiques (25 000). À la télé, l'Asie du sud est aussi proche de nous que Gonaïve.

Le gouvernement du Québec, par la voix de son chef, a atteint un sommet de stupidité, non seulement en ne réalisant pas qu'il s'agit de la pire catastrophe naturelle du siècle, mais aussi en sous-estimant l'impact de la télé sur les coeurs des québécois traditionnellement sensibles aux images des catastrophes naturelles. À moins que la générosité du gouvernement Charest soit calculée au nombre des victimes québécoises du Tsunami. On ne dénombre pour l'instant qu'une seule victime du Québec parmi les trois du Canada. Finalement, le gouvernement québécois aura agit en cohérence avec ses politiques qui se vident de solidarité sociales pour se remplir de PPP, Prisons Privés Pour tous ou Pourritures Pas mal Pourris (Le concours est ouvert à qui traduit le mieux PPP Partenariat Publique Privé..!!)

Les pays du G8 envisagent de geler les dettes des pays dévastés par les tsunamis. Ricardo Petrella a raison de réclamer le gel, voir même l'annulation des dettes de tous les pays dévastés par la pauvreté. Encore, faut-il que le gel ou l'annulation de la dette n'entraîne pas la perte de crédits de ces pays auprès des institutions financières et le FMI. Le Liban avait refusé l'annulation totale de la dette pour conserver ses crédits ce qui lui a permis de se reconstruire !

Si elle n'est pas aussi naturelle, la pauvreté est plus ravageuse que les tsunamis de la terre. Elle est essentiellement le résultat des injustices de l'homme, de sa soif de domination, de sa bêtise et de son manque de vision qui se traduit souvent par son contrôle des politiques économiques de pays dits Souverains. Des réalités que ne nous répéterons jamais assez au nom de la solidarité et de l'espoir.

Mohamed Lotfi

anonymes@sympatico.ca

http://www.souverains.qc.ca

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